Vendredi dernier on va au théâtre, je discute un peu avec Junon : « Bah en faite, je crois, pas vraiment que vous incarniez des personnages, vous êtes plusieurs a partager le même rôle et le travail qu’on a fait c’est un travail sur cette langue grecque, qu’on a parfois retraduite, mais qui a traversé les millénaires. Ce qu’on voit sur scène c’est vous, travaillez, traversez par une langue poétique et dramatique. » / « et alors , me demande Junon, c’est qui ou c’est quoi Antigone ? » « Je crois qu’il y a un morceau d’Antigone en chacun, c’est un des grands mythes alors ça nous constitue, ça fait partie de nous. Ce qu’on fait – en faisant de nouveau entendre les mots que Sophocle a prêtés a Antigone – s’est réveillé le petit morceau d’Antigone, de Creon, qu’il y a en chacun. Et peut-être même pas sur le temps de la représentation, mais après coup. En sortant on se dit tient je me souviens, moi aussi quand j’avais 14-15-16-19 ans j’ai dit « non » a ce qui m’a semblait injuste, tiens a cet âge-là moi aussi j’ai cru tomber amoureux de la mort, de l’idée du mot, de l’idée d’être prêt à offrir ma mort pour mon idée. Antigone ce n’est pas un personnage c’est une figure anti – gones, anti c’est contre et gones c’est les ancêtres, les boomers. Antigone c’est la figure de l’antipensée boomer. De la même manière, il doit y avoir une part de Creon en chacun. Cette part de nous qui dès qu’on nous laisse un peu de pouvoir en use et en abuse en dépit du bon sens, parce que c’est plus facile de s’obstiner a ce dire qu’on a raison plutôt que d’essayer d’entendre ce que d’autre (souvent plus jeune) on a nous dire.
Et alors s’il y a un peu d’Antigone et un peu de Creon en chacun, ce qu’on essaye de faire c’est des réveillés, des convoquées et de peut être faire naitre un conflit chez le spectateur, mais ça après c’est pour lui, ça nous regarde plus.
En cela les spectateurs gardent encore le rôle du coryphée – J’ai coupé le coryphée dans la pièce, j’ai coupé énormément de choses, pour resserrait, pour être précis, mais l’essentiel est là. Les spectateurs sont là, au milieu du conflit, et reste agis par les forces en présence. Vous savez dans la Grèce Antique quand on est allé voir une tragédie ont connaissait a l’avance l’histoire qui est allée être jouée puisque tous connaissaient le mythe. Donc ce n’était pas l’histoire et son issue qui était importante, c’était autre chose – peut être une ambiance, une sensation ? – Et il y avait des représentants du public sur scène, qui donner témoignage de ce que ressentais le public, c’était ce qu’on appelé le coryphée. Ici vous êtes allés tous être sur scène, vous êtes donc le coryphée. Et je vais donc vous rappeler le mythe puisqu’une fois encore ce n’est pas l’histoire qui est importante.
Œdipe épouse sa mère Jocaste et donne naissance à deux garçons, Étéocle et Polynice, et deux filles, Ismène et Antigone. Créon, le frère de Jocaste, donne naissance à un fils, Hémon qui est amoureux d'Antigone.
Après la mort d'Œdipe, ses deux fils Étéocle et Polynice prennent la décision de se partager le trône de Thèbes : pendant un an, le premier frère règnera sur la cité, pendant que l'autre s'exilera volontairement pour ne pas troubler le frère au pouvoir, et cela s'inverse l'année suivante. Cependant, Étéocle, après avoir régné pendant un an, refuse de renoncer au pouvoir. Furieux, Polynice s'allie aux Argiens et assiège la ville. Après un long duel, les deux frères finissent par s'entretuer et Créon prend la suite du règne. Il décide d'enterrer Étéocle, mais pas Polynice, qui a trahi sa patrie. Cela provoque la colère d'Antigone. Elle décide ainsi, malgré les prières de sa sœur Ismène - qui a peur de désobéir à Créon - de braver les lois de son oncle et d'enterrer son frère. Antigone honore son frère une première fois, mais les gardes chargées de surveiller, le corps mort découvrent que les rites dont on était rendu, ils vont avertir Créon qui ordonne de trouver le coupable et menace les gardes. Les gardes souillent le corps de Polynice et Antigone y retourne, pour accomplir les rites de nouveau, mais cette fois si elle est attrapée et amenée devant Créon. Elle argüe que rien, même pas les lois d'un roi, n'est supérieur à la volonté des dieux et à leurs lois immuables, et qu'elle ne craint pas la mort en tentant d'accomplir son devoir. Finalement, Créon la condamne à être enterrée vivante, malgré les supplications de son fils Hémon, venu défendre sa fiancée. Ce n’est que quand Tirésias, le devin respecté de tous, lui prophétise son malheur prochain pour ne pas avoir voulu respecter les dieux., que Creon finit par revenir sur sa parole et enterrer Polynice. Mais il est trop tard : Antigone s'est pendue, suivie par son promis Hémon, qui l’a rejoint dans son tombeau et c’est suicider sur son corps. Créon, brisé par le désespoir, se retire du pouvoir : Ismène devient la seule survivante de la lignée des Labdacides.
Voilà, quand vous allez rentrer dans la salle, le spectacle aura déjà commencé, si vous voulez bien éteindre vos portables dès maintenant, vous allez être guidé en quatre groupes. Le spectacle dure 55 minutes et vous n’aurez pas la possibilité de sortir. Merci beaucoup.